Archives de catégorie : Zoom sur un artiste

Tal Amitai-Lavi, The Pulsating Room,

The Pulsating Room, photographie de Liat Elbling ©, 2023

Au Contemporary Art Gallery de Ramat Hasharon a lieu une exposition de Tal Amitai-Lavi représentée par la Galerie Chelouche de Tel Aviv.
The Pulsating Room que je traduirais par la Chambre Pulsante est une installation.
J’ai été littéralement happée par cette oeuvre. Cette installation nous immerge dans un univers où le matériel et l’immatériel se confondent, où la solidité, la fragilité, le confort et l’étrangeté se mêlent. 

Tal Amitai-Lavi a réalisé l’oeuvre sur mesure pour ce lieu historique qu’est le Contemporary Art Gallery de Ramat Sharon. Ce lieu est construit, dans la salle du puits de la galerie, sur un puits pluricentenaire de la ville Ramat Hasharon. Le puits est symbolisé par une animation vidéo projetée sur le sol à son endroit initial. Les fenêtres sont reconstituées par des fils de nylon et nous plongent dans une atmosphère particulière. Cette mise en abime se répète tel un motif, et forment un appartement de trois pièces. L’escalier, élément de transition, est constitué également de fils de nylon. Il jouxte un tapis fait de projections vidéos, reprenant le motif du puits et du plan de la galerie. Les carrés et les cercles m’évoquent l’architecture de Palladio. Une autre pièce est constituée d’une cheminée ; seul élément où la couleur est présente, et d’un rideau formé lui aussi de fils de nylon.

Pour le regardeur, le visiteur, il y a une sensation agréable, que tout est à sa place, mêlée d’un sentiment ambigu, trompeur et fantomatique. Il y a une harmonie que l’on retrouve dans les formes, dans les  proportions et dans l’architecture, dans les vides et dans les pleins.
Les illusions d’optique sont magiques. Le rideau, fait de fils de nylon et de projections, donne une impression d’infini et d’espace galactique. Le tapis projeté est à la fois classique et futuriste. On ressent l’infini et on est hors du temps.

The Pulsating Room, photographie de Liat Elbling ©, 2023


On comprend tout de suite où on est et pourtant on est déstabilisé, et de nombreuses questions surgissent, sur son histoire, l’histoire du lieu et sur notre propre histoire.

Cette oeuvre est une très belle illustration de “la chambre pulsante” du livre “La maison et la voie” du psychanalyste Itamar Levy :
“Entre l’architecture et le rêve, entre le mobilier et l’imagination, dans l’illusion de l’éclairage, dans un monde animiste où les objets ont une âme.”

Tal Amitai-Lavi est une artiste pluridisciplinaire, peintre, dessinatrice, sculptrice qui crée aussi des installations. 
Elle est diplômée avec distinction (cum laude) de la faculté des arts de Beit Berl, de la faculté d’art (cum laude) de l’université de Tel Aviv et d’un Master of Fine Arts de l’université de Haifa.
Elle expose en Israel mais aussi à l’international : à Miami, à New York, à Londres, en Belgique, en Allemagne…
En 2016 Tal Amitai-Lavi a été sélectionnée comme finaliste à “L’Arte Laguna Prize” à l’Arsenale de Venise. Et en 2017, l’artiste a participé a la Biennale de Nakanojo au Japon. En 2018, l’artiste a été en résidence à la Fontainhead à Miami. Suite à cela, Tal Amitai-Lavi a exposé une installation monumentale dans  l’espace expérimental le plus prestigieux de Miami dans le cadre du Locus Projects en 2021.

http://www.talamitai-lavi.com

Le Contemporary Art Gallery de Ramat Hasharon
Weizman 20, Ramat Hasharon
Lundi-Jeudi : 9:00 – 17:00
Vendredi :10:00 – 14:00
Jusqu’au 15 aout 2023

S. L. Singer, Peindre avec la lumière


S. L. Singer Rainy twilight in the ghetto © | www.photosls.com


La première fois que j’ai pu contempler une photographie de Sarah Lydia Singer, c’était à Jérusalem lors d’un salon, qui exposait sa série de photographies sur le Ghetto de Venise. J’y ai vu cette émotion, et j’ai perçu cette storia, cette histoire.

L’émotion que le spectateur ou le « regardeur » ressent, mais aussi l’émotion que l’artiste transmet, ainsi que cette storia, l’histoire qu’elle voulait raconter.

Ses photographies sont construites comme des peintures où la lumière devient l’encre qui dessine et qui capte les éléments.

Ce que veut montrer S. L. Singer c’est la lumière. Selon ses propres mots : « Faire découvrir le rayon de soleil, pour aller se déplacer sur une feuille ou sur un rocher, pour finalement se refléter dans l’eau. Capter la lumière dans les endroits les plus sombres. Photographier c’est connaître l’instant quand la lumière arrive sur la roche. »

Les clichés du ghetto de Venise traduisent exactement cela. La roche des habitations éblouit et raconte le passé de ce lieu. Ces clichés sont plus qu’un témoignage, c’est une œuvre.

Un lieu… un attachement

La photographe ne veut pas s’arrêter à l’aspect physique de Venise. Elle veut selon ses propres mots, nous transmettre l’essence et l’émotion invisible en dehors du temps. Il n’y a pas de personnage dans les photographies de S. L. Singer, car elle veut sortir du temps… Cela permet aussi de s’immerger dans ce monde et d’y faire l’expérience de l’œuvre ou tout simplement l’expérience de la vie du ghetto de Venise.

Le temps et la lumière sont les deux éléments qui importent. La photographie est un instantané qui capte la lumière. L’instantané devient électricité. Et le temps mène à l’intemporalité voire à l’éternel.

Sarah Lydia Singer a exposé sur trois continents aux Etats-Unis, en Europe et en Israël.

Mathieu Mercier

J’ai eu la chance de pouvoir visiter l’atelier de Mathieu Mercier et de rencontrer l’artiste.

Pour réaliser ses oeuvres d’art, il utilise des objets de la vie quotidienne.
Il prend le meilleur de Dada, par le système D et la récupération, et arrive à créer des oeuvres inattendues ; ainsi un casque de moto devient un miroir convexe.
Partant d’objets hétéroclites, il réconcilie avec succès nature et technologie. Ainsi ses oeuvres, comme la lampe double-douille, peuvent évoquer de manière lointaine, comme un hommage : l’art nouveau.
Son art réfléchi et ses explications, savent laisser au spectateur et au «regardeur» la liberté d’interpréter et de voir au-delà des oeuvres. Ainsi ses explications minimalistes par code de couleurs, permettent de nous guider sans nous diriger.
Lorsqu’il organise une exposition : il la conçoit, selon sa propre expression, «comme un jeu d’adresse ou un puzzle».

L’art de Mathieu Mercier est un art non seulement nouveau mais novateur, nous donnant un regard neuf  et autre sur le l’objet commun.
Ainsi le quotidien devient hors du commun !